Non seulement il est le tout premier vainqueur d’un Monaco E-Prix, mais il a récidivé: en 2015 puis en 2017, le Suisse Sébastien Buemi a été intouchable dans les rues de la Principauté. La première fois, c’était une sortie historique car la toute première des Formule E en Europe, le long du Port Hercule, dans une version raccourcie du traditionnel Circuit de Monaco. Ce jour-là, parti en pole position, Buemi (e.dams Renault) s’est imposée au bout d’une course entamée par un carambolage au premier virage, entre six voitures. Deux ans plus tard, toujours sur un circuit raccourci, Buemi est encore parti en pole et il a encore gagné, au bout des 51 tours, devant Lucas di Grassi (2e) et Nick Heidfeld (3e).
Nous sommes en 2022 et le sympathique Buemi est moins souvent aux avant-postes, car son écurie franco-japonaise marque le pas, mais il est optimiste au moment de retrouver Monaco : « On sort de deux années difficiles, et pour nous ici c’est plus proche de Mexico, avec des virages très rapides, pour des FE, et une surface plus douce, très différente de celle de Rome, tant mieux pour nous. La FE est très serrée, donc il faut tout le temps marquer des points, même si on ne gagne pas. Celui qui gagne, c’est celui qui fait le moins d’erreurs, et pas forcément celui qui est le plus rapide, car il est très difficile d’optimiser tout le package. En fait, il faut de la consistance toute l’année ».
Champion de FE en 2016, double champion du monde d’endurance, triple vainqueur des 24 Heures du Mans, Buemi est bien placé pour juger le nouveau règlement de la FE, qui est en train d’être mis en place: « C’est difficile d’avoir tout juste avec le règlement, car il faut faire un compromis entre la technologie, le show et le reste. En Europe, c’est culturel, on veut qu’il y ait beaucoup de technologie dans les voitures, alors qu’en Indycar on dirait qu’ils ont toujours les mêmes voitures depuis 15 ans », sourit le père de deux enfants. « Avant en FE, il y avait des gros écarts entre les écuries, mais cette année c’est très proche en performance, quelques dixièmes seulement entre plusieurs écuries », ajoute Buemi. C’est justement ce qui le rend optimiste pour ce week-end, car le fameux cliché, c’est « jamais deux sans trois », et Seb Buemi sent qu’il a une chance, si toutes les planètes s’alignent samedi.
Reste le sujet du moment, la Gen3, la future monoplace de FE présentée jeudi 28 avril à Monaco en première mondiale: « La Gen3 , ça va faire un +step+ de quelques secondes au tour, mais il faudra peut-être attendre encore une génération pour que ce soit vraiment impressionnant ». Il continue l’endurance, chez Toyota, mais il aime toujours autant la FE, dont il a disputé toutes les saisons depuis sa création, terminant quatre fois vice-champion, en plus de son sacre de 2016. Il a gagné 13 fois, a marqué plus de 800 points, il est l’une des références absolues de la catégorie : « Ca évolue bien, il y a une prise de conscience, une +brand awareness+ qui progresse, mai il ne faut pas que ça s’arrête, que ça stagne », prévient le Suisse, aussi sage que lucide, conscient que la concurrence reste sévère. A la FE de jouer, donc, ce week-end à Monaco, et bientôt avec la Gen3.