Il y a un nouveau leader dans ce 92e Rallye Monte-Carlo : Sébastien Ogier (Toyota), grâce à son temps scratch dans l’ES13 (20,04 km), cet après-midi entre Les Nonières (Drôme) et Chichilianne (Isère), est passé devant Thierry Neuville (Hyundai), pour huit dixièmes de seconde seulement. Il ne reste plus qu’une spéciale à négocier (ES14) avant de conclure cette 3e journée de course, longue de 120 km chronométrés.
“Il faut qu’on continue à attaquer. C’est très serré, c’est bien. On adore se bagarrer et c’est bon pour les fans aussi. Pas question d’en garder sous le pied”, a annoncé Ogier au point stop de l’ES13, ravi d’avoir rattrapé, en quatre spéciales, le temps perdu tôt ce matin dans l’ES9.
Le pigiste de luxe, Ogier, est bien plus performant, ce samedi, qu’Elfyn Evans, titulaire à temps plein chez Toyota : “J’ai vraiment du mal dans les portions où l’adhérence est faible, surtout en termes de confiance. Les autres vont clairement plus vite que moi cet après-midi”, a résumé le vice-champion du monde gallois, lucide sur le niveau de ses performances.
Quant à Neuville, le dernier rival d’Ogier pour la victoire finale, dimanche du côté du col de Turini, il n’a pas encore renoncé, loin de là, même s’il vient de subir deux revers d’affilée dans son duel au sommet face à l’octuple champion du monde. Il vise, comme Evans, le titre mondial cette année. Et il a pris un début d’ascendant, ce week-end, sur son coéquipier Ott Tänak, en retrait depuis vendredi matin.
En WRC2, la bagarre est toujours aussi intense. Après l’ES12, l’Espagnol Pepe Lopez (Skoda Fabia RS) est de nouveau en tête de la catégorie, devant le Russe Nikolay Gryazin (Citroën C3) et le Français Yohan Rossel (Citroën C3), champion WRC3 en 2021. Les trois pilotes sont regroupés en 11.6 secondes. Rien n’est fait.
Sébastien Ogier, le tenant du titre, a repris une poignée de secondes à Thierry Neuville samedi, en début d’après-midi, en signant le meilleur temps de l’ES12, lors du deuxième passage entre Esparron et Oze (18,79 km). Le suspense reste entier en tête du 92e Rallye Monte-Carlo, puisque le pilote Toyota revient à 2.2 secondes du pilote Hyundai.
La marge est infime, démente, à peine croyable : un centième de seconde au kilomètre, si l’on divise 2.2 secondes par 220 km parcourus depuis le départ, jeudi soir dans les Alpes de Haute-Provence. C’est l’écart entre Neuville et Ogier à une centaine de km de l’arrivée, dimanche du côté du col de Turini. La bagarre est totale, intense, entre deux pilotes au sommet de leur art qui ont déjoué, jusqu’à maintenant, tous les pièges de cette édition 2024.
Derrière Neuville et Ogier, les autres décrochent, les uns après les autres. Il y a d’abord eu Tänak, parti à la faute dans l’ES3 et qui, depuis vendredi matin, tente comme il peut de remonter vers le podium. Dernier décrochage en date, celui d’Elfyn Evans, leader de jeudi soir à samedi matin, mais qui n’arrive plus à signer le moindre temps scratch.
Munster coincé dans une barrière
“Je n’ai pas de bonnes sensations, c’est une constante (cette semaine)”, a confié le Gallois au point stop de l’ES12, à l’heure de la sieste. Il n’a même plus invoqué le système hybride qui l’avait abandonné pendant quelques minutes ce matin. Le vice-champion du monde en titre est devenu l’observateur privilégié de ce combat des chefs, à 16.5 secondes du Belge, à 14.3 secondes du pigiste gapençais, dans une Toyota Yaris strictement identique à la sienne.
Le principal incident de cette ES12 a concerné Grégoire Munster, jusque là très propre et efficace dans sa Ford Puma de M-Sport, pour son premier rallye dans la catégorie-reine (le 24e dans le cadre d’une manche WRC). Le Belge (à licence luxembourgeoise) a fait un petit écart au km 6.3 et sa Puma est restée coincée dans une barrière de sécurité en bois, au bord d’un ravin. Le copilote s’est alors placé en bord de route, en amont du virage, pour avertir les autres concurrents qui ont ralenti à cet endroit-là, perdant tous une poignée de secondes. La spéciale n’a pas été neutralisée.
Ott Tanak a signé le meilleur temps dans l’ES11 (entre Pellafol et Agnières-en-Dévoluy, 21,37 km), son premier du rallye, et Thierry Neuville a consolidé sa place de leader provisoire du 92e Rallye Monte-Carlo. Les Hyundai sud-coréennes, dans leur version 2024, ont tout pour faire bonne figure cette saison face aux Toyota Yaris.
“C’est une spéciale qu’on ne connaît pas, donc je n’ai pas pris trop de risques. Et j’entendais assez mal les notes de mon copilote, surtout dans la dernière portion”, a expliqué Neuville, désormais en contrôle de ce rallye après un départ prudent, jeudi soir. Le Belge, cinq fois vice-champion du monde, est rentré au parc d’assistance de Gap, sur les coups de midi, avec 5.1 secondes d’avance sur Elfyn Evans et 7.7 sur Sébastien Ogier.
Les deux pilotes Toyota, dont un va viser le titre mondial (le Gallois), et l’autre va se contenter de quelques sorties officielles (le Français), ont peut-être trouvé à qui parler cette saison. Surtout si la nouvelle version de la Hyundai i20N, couvée et développée par le directeur technique François-Xavier Demaison, ingénieur hors-norme venu de Citroën, puis Volkswagen, continue à se montrer aussi fiable que performante.
Hyundai est dans le match
Les bonnes performances de Neuville cette semaine, et le temps scratch de Tanak dans cette ES11, montrent que cette nouvelle Hyundai est saine, facile à piloter, et que ce sera peut-être la bonne surprise de ce début de saison 2024, face à l’ogre Toyota. En attendant, il reste trois spéciales à parcourir cet après-midi (ES12 à ES14), les mêmes que ce matin, et encore trois dernières dimanche matin (ES15 à ES17), en revenant vers la Principauté de Monaco.
En WRC2, la bagarre est toujours aussi acharnée. Après l’ES10, le Russe Nikolay Gryazin (Citroën C3) mène le bal devant l’Espagnol Pepe Lopez (Skoda Fabia RS) et le Français Yohan Rossel (Citroën C3), champion WRC3 en 2021. Les trois pilotes sont regroupés en moins de 9 secondes. Sur une autre planète, comme le trio de tête du Rally1.
C’est le premier grand tournant de ce 92e Rallye Monte-Carlo : dans l’ES10 ce matin entre Les Nonières (Drôme) et Chichilianne (Isère), longue de 20,04 km, Thierry Neuville (Hyundai) a pris les commandes du classement général, pour neuf dixièmes de seconde seulement, à Elfyn Evans (Toyota), en tête depuis le départ jeudi soir.
Le temps scratch dans cette ES10 a certes été réussi par Sébastien Ogier, une belle réaction du pilote Toyota après sa désillusion de l’ES9, mais c’est Neuville qui a fait la bonne affaire, sur une route sèche en montée et plus humide en descente.
Le vainqueur belge de l’édition 2020 est très serein et efficace cette semaine. “Après le tunnel, dans la descente, l’adhérence était meilleure que prévu. J’ai peut-être été trop prudent sur mes zones de freinage. C’est plutôt une bonne matinée pour nous”, a estimé Neuville à la fin de cette spéciale qui n’avait plus été disputée en WRC depuis 1997 (temps scratch d’Armin Schwarz dans une Ford Escort).
Ogier a signé le temps scratch, son 4e de la semaine, entre les massifs du Diois et du Vercors, et cela malgré un petit incident de parcours, une pierre qui a heurté son pare-brise, créant un petit impact. “C’est bien, surtout après avoir perdu autant de temps dans la précédente spéciale. La seule chose qu’on peut faire, c’est regarder devant et continuer à attaquer”, a dit le vainqueur de l’an dernier.
“On a un petit problème”, a seulement lâché Evans au point stop, sans vouloir en dire plus. La surprise de cette spéciale est venue de son coéquipier japonais, Takamoto Katsuta, auteur du 3e chrono, derrière Ogier et Neuville, en ouvrant la route, avec deux pneus super-soft montés à l’avant. Un choix audacieux, mais finalement payant, dans sa quête d’un retour dans le Top 10 après sa sortie de route dans l’ES3.
Thierry Neuville a frappé un très grand coup ce matin dans l’ES9 du 92e Rallye Monte-Carlo, entre Esparron et Oze (18,79 km), et réussi un chrono magique, stratosphérique : 12 minutes, 12 secondes et 5 dixièmes, qui permet au pilote Hyundai de repasser devant Seb Ogier au classement général, tout près du leader Elfyn Evans. Les pilotes Toyota vont devoir rester vigilants.
“Je ne comprends pas. Je devais être bien réveillé. Les conditions de route étaient meilleures que prévu. J’ai fait une spéciale décente”, a souri Neuville, totalement incrédule, quand son chrono lui a été annoncé au point stop. Non seulement le Belge a fait mieux, de 9.6 secondes, que le leader du rallye, Elfyn Evans. Mais il s’est aussi offert le luxe de coller une seconde au kilomètre, au dixième près (18.8 secondes pour 18,8 km), au meilleur pilote de rallye en activité, l’octuple champion du monde Sébastien Ogier. Avec le même mix de pneus, trois super-soft et un soft.
“C’est beaucoup de temps perdu. Mes notes étaient peut-être trop prudentes”, a jugé Ogier après sa contre-performance due au changement des conditions de route en l’espace de deux heures, entre le passage des ouvreurs et celui des pilotes. Plusieurs pilotes ont été surpris, comme Ogier et Evans chez Toyota, mais pas Grégoire Munster, auteur du 3e chrono de cette ES9 dans sa Ford Puma engagée par M-Sport. C’était l’autre joli coup du petit matin, avec le chrono complètement fou de Neuville.
Conséquence directe, le classement général a été chamboulé d’emblée, ce samedi matin, et Evans, toujours leader, a 6.5 secondes d’avance sur Neuville après l’ES9, alors qu’il en avait 4.5 sur Ogier en quittant le parc fermé de Gap, ce matin. Tout reste donc possible, plus que jamais, dans ce rallye, d’autant qu’Ott Tänak, dans l’autre Hyundai de pointe, a mal entamé cette journée : impossible de faire démarrer sa i20N ce matin à Gap, puis des coupures moteur (ou accélérateur) dans l’ES9, comme jeudi soir en ouverture du rallye.
C’était une sacrée journée de rallye, conclue par un match nul entre deux grands animateurs du WRC : trois temps scratch pour Thierry Neuville (ES3, ES6, ES7), trois aussi pour Sébastien Ogier (ES4, ES5, ES8) dans ce 92e Rallye Monte-Carlo où le Français est tenant du titre… sans aucune garantie de le conserver dimanche.
“On a fait le job. On est bien revenu (au classement général). C’était une bonne journée”, a sobrement résumé Ogier au point stop de l’ES8, disputée intégralement de nuit, dans laquelle il a mis un gros coup d’accélérateur, histoire de finir la journée en beauté. Le Français des Hautes-Alpes, huit fois champion du monde et neuf fois victorieux en Principauté, n’est plus qu’à 4.5 secondes de son coéquipier chez Toyota, Elfyn Evans, dominateur jeudi soir mais nettement plus prudent vendredi (aucun temps scratch).
“Ce rallye n’est jamais simple. Et il est très difficile de nuit. J’avais beaucoup d’informations, mais je ne pouvais pas tout gérer en même temps. Je devais faire confiance aux notes. C’était très difficile d’évaluer les conditions de route. Je suis heureux d’être arrivé au bout de la journée sans un seul problème”, a confié le Gallois.
Son avance sur Neuville était de 15 secondes vendredi matin, en quittant Gap. Elle ne sera plus que de 4.5 secondes samedi matin, sur un autre gros client du WRC : le redoutable Seb Ogier, qui ne vise pas le titre mondial cette année. De quoi réfléchir avant de prendre des risques éventuels…
Neuville hausse le rythme
L’autre candidat au titre mondial 2024 sera forcément un pilote Hyundai. Et après huit spéciales sur 17, dans cette première manche de la saison, c’est Neuville qui a pris l’ascendant, pour le moment, sur son coéquipier Tänak : “Je suis heureux d’être là. Ce n’était pas une bonne matinée, mais on a eu une bien meilleure après-midi. Nous devons rester concentrés et faire un meilleur travail demain. Nous avons fait un peu évoluer les réglages. Ça s’est bien passé sur les deux premières spéciales [du jour]. Ici, les conditions sont piégeuses, ce n’est pas facile de rester concentré, mais on est là”, a dit le Belge avant de repartir vers Gap.
Son coéquipier estonien, qui roulait chez M-Sport Ford en 2023, a besoin de reprendre confiance dans la Hyundai. C’est en train de venir, lentement mais sûrement. “Nous avons réussi à finir [la spéciale]. Ça faisait vraiment peur et nous n’avions pas un bon rythme, mais on verra bien…”, a dit Tänak, champion du monde 2019, au terme de cette journée très éprouvante pour les nerfs.
Le mot de la fin, en ce vendredi, est forcément pour Ogier, le héros local, qui a ravi par son pilotage les nombreux fans impeccablement alignés le long des routes de sa région natale : “C’était bien plus glissant que ce matin, avec beaucoup de boue. Nous avons eu un début de rallye difficile, mais nous nous y attendions avec notre position de départ. Maintenant, je suis content que l’on ait réussi à se rapprocher [de la tête]. Demain devrait être amusant.”
120 km chronométrés samedi
Au menu de samedi, six autres spéciales pas évidentes, réparties sur deux boucles de trois spéciales pour 120 km chronométrés, au total. Vu les écarts actuels, très faibles, entre les prétendants à la victoire, autant en Rally1 (trois pilotes en 16 secondes) qu’en WRC2 (trois pilotes en cinq secondes), on peut raisonnablement prévoir que cette 3e journée de course va être très animée. Voire même complètement délirante.
Un troisième temps scratch vendredi pour Thierry Neuville dans la 7e épreuve spéciale du 92e Rallye Monte-Carlo. Et une juste récompense pour le Belge, qui avait entamé son rallye avec prudence, jeudi soir, et a commencé à sortir le grand jeu vendredi, dans une Hyundai lui inspirant de plus en plus confiance.
Meilleur temps dans l’ES3, puis l’ES6 et, dans la foulée, l’ES7, deuxième passage entre Champcella et Saint-Clément (17.87 km), Neuville est revenu en quelques heures à 8.7 secondes de Sébastien Ogier et 17.3 secondes d’Elfyn Evans, histoire de relancer le suspense à une spéciale de la fin de cette superbe journée de rallye (105 km chronométrés), sur les hauteurs de Gap.
“C’était une bonne spéciale”, a souri Neuville en apprenant, au point stop, qu’il venait de reprendre 4.6 secondes à Evans, en attendant de savoir qu’il allait aussi en récupérer 3.5 sur Ogier. Les deux pilotes Toyota ne sont pas encore hors d’atteinte, et comme on n’a pas encore atteint le cap de la mi-rallye (17 spéciales au menu), Hyundai peut encore nourrir de beaux espoirs pour ce week-end.
C’était une spéciale très technique, avec beaucoup d’épingles, de passages serrés sur des ponts et dans des villages des Hautes-Alpes. La route était sèche, mais très sale, beaucoup de terre ayant été répandue par plusieurs dizaines de concurrents depuis ce matin. “C’était un peu sale à la fin, il y avait beaucoup de terre et de cailloux en provenance des cordes. Je n’ai peut-être pas été assez courageux dans les portions les plus étroites et les plus sales”, a reconnu Evans.
Ogier plus vite qu’Evans
“Rien de spécial à signaler, sinon qu’on commence à pouvoir se battre à armes égales avec les autres pilotes”, a résumé Ogier, content de voir que ses principaux rivaux étaient enfin logés à la même enseigne, confrontés à une route aussi sale que lui. Avec un enjeu de plus en plus crucial pour tout le monde : commencer à gérer intelligemment son quota de pneus tendres, en passant de temps en temps des pneus super-tendres, en prévision d’un week-end qui s’annonce très agité.
Il y avait un pilote radieux à la fin de cette ES7, le Norvégien Andreas Mikkelsen (Hyundai), de retour en Rally1, la catégorie-reine, après quatre saisons de purgatoire en WRC2, depuis fin 2019 : “Ca va de mieux en mieux et je dois m’adapter aux vitesses qu’on peut atteindre, en virage, avec ces voitures. Ce n’est pas tellement le système hybride, c’est surtout l’appui aérodynamique. C’est génial de retrouver un peu de rythme dans les spéciales”.
Fourmaux ravi de son vendredi
Revenu lui aussi en Rally1, Adrien Fourmaux (M-Sport Ford) a lui aussi adoré cette journée de vendredi : “J’adore piloter et c’est super d’avoir des spéciales aussi différentes dans la même boucle. On a tout eu aujourd’hui, de la terre, de la glace, des conditions changeantes. C’est le Monte-Carlo et c’est ce qu’on aime”.
Les pilotes du WRC2 aussi adorent le Monte-Carlo. Après l’ES7, l’Espagnol Pepe Lopez (Skoda Fabia RS) a repris la tête de la catégorie à Nikolay Gryazin (Citroën C3), pour quatre secondes seulement. Et Yohan Rossel (Citroën C3), champion du WRC3 en 2021, reste en embuscade, à moins de deux secondes de Gryazin. Plus qu’une spéciale avant le retour à Gap pour une bonne nuit de sommeil.
Egalité parfaite entre les trois principaux animateurs du 92e Rallye Monte-Carlo : Thierry Neuville (Hyundai), déjà auteur du meilleur temps dans l’ES3 tôt ce matin, a encore été le plus rapide dans l’ES6, en début d’après-midi. Mais il n’a devancé que d’une seconde et demie Seb Ogier, qui venait d’enchaîner deux temps scratch (ES4, ES5). Son coéquipier chez Toyota, Elfyn Evans, est toujours leader, lui qui avait totalement dominé la soirée de jeudi (ES1, ES2).
C’était la 6e épreuve spéciale de ce rallye, un deuxième passage de 16,68 km entre la station de ski de Saint-Léger-Les-Mélèzes et le village de La Bâtie-Neuve. Il a été beaucoup plus rapide, car la glace avait fondu, et l’écart n’a été que de 1.6 s entre Neuville et Ogier, de 2.6 s entre le Belge et Evans.
“J’ai toujours été rapide dans cette spéciale, elle est très belle, c’est difficile de savoir jusqu’où on peut pousser les pneus (pour ne pas les faire surchauffer), mais je pense qu’on a fait un bon chrono”, a estimé Neuville, toujours dans le coup pour la victoire alors que Tänak semble un peu décroché, à plus d’une minute du leader. Toujours le même leader, Evans, mais dont la marge d’erreur a fondu à moins de dix secondes par rapport à Ogier.
Sous les yeux de son ancien grand rival, « l’autre Seb » Loeb, présent dans la spéciale, au bord de la route, en tant que simple spectateur, Ogier s’est bien défendu, une fois de plus : “On essaie de ne pas trop taper dans les pneus, et pour le moment c’est plutôt une bonne journée”, a dit le Gapençais, toujours à portée de tir de son coéquipier gallois.
Grosse bagarre en WRC2 aussi
La situation est d’une clarté totale dans le Top 8 : les quatre cadors devant, soit deux pilotes Toyota (Evans, Ogier) devant deux pilotes Hyundai (Neuville, Tänak), et les quatre autres plus loin : Fourmaux, à 12 secondes de l’Estonien, Mikkelsen, Munster et Katsuta, beaucoup plus loin. Le Japonais a perdu cinq minutes ce matin, dans un fossé de l’ES3, dans la même courbe que Tänak.
En WRC2, la bagarre fait également rage, avec deux fois plus de marques automobiles représentées (6) que dans la catégorie-reine et un sacré mélange de fougue et d’expérience. Au tiers du rallye, le leader du WRC2 est le Russe Nikolay Gryazin (Citroën C3), qui court sous licence bulgare, devant l’Espagnol Pepe Lopez (Skoda Fabia RS) et le Français Yohan Rossel (Citroën C3), sacré en WRC 3 au terme de la saison 2021. Trois pilotes regroupés en cinq secondes seulement. Avec deux spéciales à courir avant de rentrer à Gap vendredi, à la nuit tombée…
Deux temps scratch d’affilée pour Sébastien Ogier vendredi matin, dans l’ES4 puis l’ES5, entre La Bréole et Selonnet (18,31 km). Le héros local a bien profité de cette première boucle et remonte au 2e rang du classement général, à 10.7 secondes d’Elfyn Evans, son coéquipier chez Toyota. Le 92e Rallye Monte-Carlo est bien lancé et le suspense est total. Notamment pour la 3e place sur le podium, car Adrien Fourmaux (M-Sport Ford) roule de plus en plus vite…
“Il semblerait que je sois encore en vie. J’avais du mal jusque-là, j’ai une semaine compliquée mais je vais faire de mon mieux. J’en parlerai après le rallye… ”, a déclaré un Seb Ogier particulièrement ému, au point stop de cette spéciale négociée à la manière de ses plus belles saisons en WRC, couronnées par huit titres mondiaux.
Face à un Ogier en mode maestro, le leader du rallye est toujours Evans, mais il n’a plus qu’une dizaine de secondes d’avance sur son coéquipier français, 40 ans depuis le 17 décembre, son chiffre-fétiche, celui qu’il porte aussi comme numéro de course sur sa Yaris noire. Battu de 11.2 secondes dans cette ES5, par Ogier, le Gallois n’était pas en confiance : “Il y a très peu d’adhérence dans les portions verglacées, et beaucoup plus dans les portions sèches”, a résumé le vice-champion du monde en titre.
Fourmaux hausse le ton
La performance la plus réussie dans cette spéciale, en plus de celle d’Ogier, a été l’œuvre d’Adrien Fourmaux, le pilote M-Sport Ford : 3e chrono, juste derrière Evans, à six dixièmes seulement du Gallois. “On avait de bons réglages, de très bonnes notes, je me sentais bien et je me suis fait plaisir, sans prendre trop de risques. Je suis content”, a dit le Français, de retour en Rally1 après une saison en WRC2.
Du côté de chez Hyundai, Ott Tänak a retrouvé un bon rythme et fait mieux que son coéquipier Thierry Neuville, dans cette spéciale, pour compenser sa petite erreur dans l’ES3 : “J’avais beaucoup de mentions de verglas dans mes notes et j’ai été trop prudent. C’est compliqué de prendre plus de risques quand les notes du co-pilote disent qu’il y a du verglas partout”, a regretté le Belge au point stop. Il est désormais 3e du classement général, à 24.5 secondes d’Ogier, mais tout reste possible dans les 12 spéciales restantes, jusqu’à dimanche matin.
Après la pause de la mi-journée au parc d’assistance de Gap, une deuxième boucle est prévue cet après-midi, avec les trois mêmes spéciales (ES6 à ES8). Une seule chose est sûre, elles seront moins glissantes que dans leur version matinale.
Le tenant du titre a attendu le milieu de la matinée de vendredi pour signer son premier temps scratch du 92e Rallye Monte-Carlo : meilleur chrono pour Sébastien Ogier dans sa Toyota Yaris noire, dans le premier passage du jour entre Champcella et Saint-Clément (17.87 km), pour revenir à trois secondes seulement de Neuville, qui a perdu une poignée de secondes dans un tête-à-queue.
“Je pense que c’est difficile d’aller plus vite avec cette position de départ (la même que jeudi soir, basée sur le classement du championnat 2023), mais dans cette spéciale il y avait un peu moins de terre sur la route”, a réagi l’octuple champion du monde après le 693e temps scratch de sa carrière en WRC.
“Je ne comprends pas. J’ai perdu l’arrière tout d’un coup. J’ai été surpris”, a confié Neuville, qui a bien choisi le lieu de son tête-à-queue : un champ bien sec et bien plat dans lequel il n’a pas perdu trop de temps. Marche arrière, ça repart, 9 secondes de perdues seulement sur Ogier, alors que le Belge pouvait viser un deuxième temps scratch d’affilée.
Evans reste devant
Le leader du rallye est toujours Elfyn Evans (Toyota), passé en mode gestion. Il compte encore 18.8 secondes d’avance sur Neuville avant l’ES5, la dernière de cette première boucle, et 21.9 secondes sur Ogier. “Il y avait très peu de grip (adhérence) à certains endroits. Ce n’était pas facile, j’ai peut-être été trop prudent”, a avoué le Gallois.
Le parcours de cette ES4 était varié, globalement sec, et les nombreux spectateurs très disciplinés, bien protégés par les commissaires de l’ACM et des centaines de mètres de rubalise. Derrière Ogier et Evans, Ott Tänak (Hyundai) a repris confiance après sa petite erreur de l’ES3. Avec le 3e chrono, il est repassé au 4e rang du général, devant Adrien Fourmaux (M-Sport Ford), content de ses nouveaux réglages. Mais l’Estonien, champion du monde 2019, a trouvé que la route était « sale », ce qui l’a incité à rouler « propre ».
Dans le peloton de chasse, la bagarre a continué à faire rage entre les seconds rôles de cette pièce de théâtre à suspense : Takamoto Katsuta (Toyota), Andreas Mikkelsen (Hyundai) et Grégoire Munster (M-Sport Ford), regroupés en une dizaine de secondes à la fin de cette ES4 superbe de bout en bout.