Il y aura quatre champions du monde des rallyes jeudi au départ du 93e Rallye Monte-Carlo, soit deux de plus que l’an dernier : Thierry Neuville vient enfin d’être sacré, fin 2024, au terme d’une saison maîtrisée de bout en bout (2 victoires, 6 podiums), et Kalle Rovanperä , qui n’avait disputé que 7 rallyes l’an dernier (2 victoires aussi), est de retour à temps plein. Si l’on ajoute que Sébastien Ogier, huit fois champion du monde et neuf fois victorieux en Principauté, reste pigiste de luxe, et qu’Ott Tänak, sacré en 2019, n’a aucune envie de partir à la retraite, cela fait bien quatre champions du monde, pour 12 titres à eux quatre.
Deux de ces champions du monde, le Belge Neuville et l’Estonien Tänak, piloteront une Hyundai i20N, et les deux autres, le Français Ogier et le Finlandais Rovanperä, seront au volant d’une Toyota Yaris. Mais le Gazoo Racing nippon aura l’avantage du nombre, avec aussi dans ses rangs le Gallois Elfyn Evans et le Japonais Takamoto Katsuta, comme l’an dernier, et un nouveau venu, Sami Pajari, 23 ans, sacré champion l’an dernier dans la catégorie WRC2. Soit au total cinq Toyota engagées dans la catégorie-reine, contre trois Hyundai au total, puisque le Français Adrien Fourmaux a rejoint l’équipe coréenne, dans la foulée d’une excellente saison (5 podiums) chez Ford M-Sport. Pour compléter le plateau, deux Ford Puma sont alignées par M-Sport, la structure de Malcolm Wilson. Elles seront pilotées par le Luxembourgeois Grégoire Munster et par l’Irlandais Josh McErlean, 25 ans, issu de la Motorsport Ireland Rally Academy.
Comme depuis le retour du rallye dans les Hautes-Alpes, l’an dernier, le parc d’assistance de ce 93e Rallye Monte-Carlo est à nouveau installé à Gap, dans la préfecture du département natal de Seb Ogier. Sur des routes qu’il connaît comme la poche de sa combinaison, le Français de chez Toyota visera une dixième victoire dans un « Monte-Carl’ », ce qui serait un nouveau record absolu. A condition de bien négocier les nombreux pièges des 18 spéciales au menu, soit 343 km chronométrés, de jeudi soir à dimanche matin. Surtout si la météo s’invite à la fête, car des chutes de neige sont toujours possibles fin janvier, dans ces montagnes.
Un parcours musclé
Après le shakedown rituel du mercredi, sur les hauteurs de Gap, tout va vraiment commencer jeudi, à l’heure de la sieste, par la cérémonie de départ devant le Casino de Monte-Carlo, retransmise en direct sur le compte Facebook et la chaîne YouTube de l’Automobile Club de Monaco. Puis dans la soirée les trois premières épreuves spéciales permettront de faire un premier tri parmi les prétendants à la victoire : 54,16 km chronométrés, entre les Alpes de Haute-Provence et les Hautes-Alpes. La première spéciale est prévue sur le coup de 18h00 entre Digne-les-Bains, la préfecture du 04, et Chaudon-Norante (ES1, 19,01 km). Puis la deuxième entre Faucon-du-Caire et Bréziers (ES2, 21,18 km), soit la spéciale la plus longue de cette première nuit. Et la troisième, à partir de 21h00, entre Avançon et Notre-Dame-du-Laus (ES3, 13,97 km). Avant une bonne nuit de sommeil à Gap.
Vendredi, autour de Gap, il y aura trois spéciales le matin (ES4 à ES6) et les mêmes l’après-midi (ES7 à ES9), soit 107,34 km chronométrés, dont Saint-Maurice/Aubessagne, la plus longue spéciale de la journée (18,68 km). Et samedi, deux nouvelles boucles de trois spéciales (ES10 à ES12, puis ES13 à ES15), mais dans la Drôme, pour 131,4 km chronométrés. Dont 27 km très délicats entre La Motte-Chalancon et Saint-Nazaire, une grande classique, la plus longue spéciale du rallye. Il ne restera plus que la dernière matinée de course à boucler, soit 50,9 km répartis sur trois spéciales (ES16 à ES18), entre Gap et Monaco. Avec pour finir, en respectant la tradition, la Power Stage entre La Bollène-Vésubie et Peïra-Cava, via l’emblématique Col de Turini (départ 12h15).
Histoires de famille en WRC2
Pour cette édition 2025, l’ACM avait reçu 92 demandes d’engagement. Elle en a sélectionné 70, dont 47 pilotes « prioritaires » désignés par la FIA. Un mot sur la popularité croissante de la catégorie FIA WRC2, celle des voitures de type Rally2, moins chères à exploiter mais très performantes aussi. L’ACM a sélectionné 24 équipages pour cette course dans la course, à commencer par Oliver Solberg, le fils de Petter (champion du monde 2003), dans une Toyota Yaris Rally2. Ainsi que Nikolay Gryazin (Škoda Fabia RS) et Yohan Rossel (Citroën C3), respectivement 3e et 4e du championnat WRC2 l’an dernier. Le frère de Yohan, Léo Rossel, tout juste sacré champion de France sur asphalte, sera aux côtés de son frère aîné dans l’écurie française PH Sport, tandis que Charles Munster, frère cadet de Grégoire, pilotera une Hyundai i20 N Rally2.
Il y aura aussi au départ le fils de Stéphane Sarrazin, l’ex-pilote Subaru reconverti en patron d’écurie : Pablo, dans une Citroën C3 du Sarrazin Motorsport. Une autre C3 de l’écurie française est alignée pour Sarah Rumeau et Julie Amblard, un duo 100% féminin soutenu par la Fédération Française du Sport Automobile (FFSA). Enfin, parce que bon sang ne saurait mentir, Eliott Delecour, le fils de François Delecour, âgé de 17 ans seulement, va faire ses grands débuts internationaux dans ce Rallye Monte-Carlo, 34 ans après le podium de son papa en 1991 dans une Ford Sierra Cosworth, son premier en WRC. Ce sera dans une Opel Corsa de la catégorie Rally4.
Une armée de bénévoles
Ca promet, et ce sera possible aussi grâce aux centaines de commissaires et d’officiels bénévoles qui, parmi plus de deux mille personnes mobilisées et supervisées par l’ACM, vont assurer la sécurité et le bon déroulement de ce 93e Rallye Monte-Carlo. « C’est un rallye mythique, peut-être le plus mythique et le plus prestigieux de tous. Tout pilote du WRC rêve de le remporter au moins une fois », résume Thierry Neuville. Il est belge, il est champion du monde, il a déjà gagné deux fois en Principauté (2020, 2024). Il sait de quoi il parle et il fait partie des favoris…