Le public et les concurrents avaient pu découvrir des trophées inspirés de la bande dessinée d’Yvon Amiel, Antoine le Pilote, il y a deux ans. Pour cette 14e édition du Grand Prix de Monaco Historique, de nouvelles figurines ont été fabriquées, et légèrement retravaillées pour coller encore mieux aux pilotes incarnant les 8 Séries disputées en Principauté, de la A1, baptisée « Louis Chiron », à la G « Ayrton Senna ».
Un personnage de BD pour permettre aux enfants de 5 à 105 ans d’avoir un premier contact avec le sport automobile. Décliné en une dizaine d’albums, Antoine le Pilote est né sous les doigts d’Yvon Amiel et Fernando Grande et est désormais un ambassadeur des courses de voitures auprès du grand public.
Sous l’impulsion de l’Automobile Club de Monaco (ACM), les deux compères ont ainsi dessiné et fabriqué 8 « MGPH Legends Trophy » à l’effigie des pilotes qui chacun donnent leur nom à une catégorie. Ce dimanche, la statuette de Juan-Manuel Fangio a été remise à la gagnante de la Série A2, Claudia Hürtgen, par Rùben Fangio, fils du quintuple Champion du Monde, et signée par Yvon Amiel. Puis, tout au long de la journée, les autres vainqueurs du jour reçoivent des répliques de Louis Chiron, Graham Hill, Vittorio Marzotto, Jackie Stewart, Niki Lauda, Gilles Villeneuve et finalement Ayrton Senna, qui sera attribuée à l’issue de l’ultime course en présence de la famille du pilote célébré durant le week-end.
Une très belle initiative, qui s’inscrit totalement dans l’esprit de ce Grand Prix de Monaco Historique : le partage intergénérationnel de l’héritage laissé par le sport automobile depuis près d’un siècle.
Dans la course de la Série E (monoplaces de F1 construites entre 1973 et 1976), baptisée « Niki Lauda », c’est l’Anglais Stuart Hall, parti en pole position, qui a fait triompher une McLaren M23 de 1973, toute blanche, juste barrée du Y de la marque de cosmétiques Yardley. Il est finalement venu à bout de deux compatriotes très bien équipés, comme lui, en la personne de Nicholas Padmore (Lotus 77) et Michael Lyons (McLaren M26). Mais il n’a pas eu besoin de battre Marco Werner car le très expérimenté Allemand, triple vainqueur des 24 Heures du Mans, a été contraint à l’abandon dans sa Lotus 76 de la saison 1974 (ex-Ronnie Peterson). C’est déjà la quatrième victoire de Stuart Hall en Principauté, après 2016 et 2022 (deux succès). Et peut-être pas la dernière, car il y a encore deux courses de F1 récentes prévues dimanche après-midi.
La course de la Série D « Jackie Stewart » (12 tours) était réservée aux F1 des saisons 1966 à 1972, équipées de moteurs 3 litres atmosphériques. Michael Lyons, parti en pole position, semblait pouvoir reprendre le fil de ses nombreuses victoires en Principauté, au volant d’une jolie Surtees TS9 de 1971, mais un problème mécanique à la Rascasse a obligé l’Anglais à rentrer aux stands, alors qu’il menait largement. Conséquence immédiate de son abandon, la première place a été récupérée aussitôt par le Japonais Katsuaki Kubota (Lotus 72), déjà victorieux en 2014 et très ému à l’arrivée : « Je pense beaucoup à mon père, car il a disparu fin avril. Il m’a beaucoup aidé à devenir pilote », a raconté le vainqueur, âgé de 62 ans, avant de monter sur le podium, comme Ronnie Peterson à Monaco, dans la même voiture, en 1973 (3e). Il y a été accompagné par le Britannique Matthew Wrigley (March 721), parti en deuxième ligne, et par « Mr John of B », dans une superbe Matra MS120 à moteur V12. Mention spéciale pour Adrian Newey, l’ingénieur génial de Red Bull Racing, superbe 4e, au pied du podium, dans une Lotus 49B de 1968, rouge, construite dix ans après sa naissance. Comme le temps passe…
Cinq victoires à Monaco ! Comme le regretté Graham Hill, parrain officiel de cette Série B du 14e Grand Prix de Monaco Historique, Andy Middlehurst a encore gagné en Principauté. Et cela pour la 5e fois : 2012, 2014, 2016, 2018 et donc 2024, dans une Lotus 25, de 1962, ayant remporté plusieurs Grands Prix aux mains de l’immense Jim Clark. Une monoplace bien-née et dont le palmarès continue de s’étoffer. Dans cette série réservée aux F1 du début des années 60, à moteur 1500cc, Middlehurst, parti en pole position, a dû résister jusqu’au 10e et dernier tour à « Joe » Colasacco, déjà vainqueur ici en 2004 et 2022. Grâce aux qualités de sa Ferrari 1512 de 1964 (ex-John Surtees et Lorenzo Bandini), l’Américain a pris un excellent départ, bondissant de la deuxième ligne, puis il a entretenu le suspense jusqu’au bout, terminant à 7 dixièmes du vainqueur. Le podium a été complété par un autre Britannique, Mark Shaw, dans une autre Lotus, devant la vénérable Brabham BT7 de Lukas Halusa et la Cooper T71/73 de Christopher Drake. C’était tout sauf une course de Série B !
La deuxième course de ce dimanche, dans la Série A1 « Louis Chiron », opposait des voitures de Grand Prix et des voiturettes d’avant-guerre. Parti en pole position après avoir dominé les essais libres de vendredi, l’Irlandais Paddins Dowling a fait tout ce qu’il fallait pour aller au bout de son rêve et passer le premier sous le drapeau à damier : « C’est un privilège de rouler ici, dans ces voitures, même si je suis bien moins talentueux au volant que les pilotes ayant couru ici avant la guerre », a réagi, heureux et modeste, le vainqueur du jour, dans une ERA R5B de 1936. Une monoplace ayant appartenu au Prince Bira, un gentleman driver du siècle dernier. La firme britannique, aujourd’hui disparue, a même réussi un doublé, puisque la 2e place a été prise, de haute lutte, par le Canadien Brad Baker, dans une ERA R10B ayant appartenu, pendant 25 ans, à Nick Mason, l’ancien batteur des Pink Floyd. Le podium princier a été complété par l’Anglais Michael Birch (Maserati 4CM), soit dans le même ordre que la grille de départ.
La première victoire de ce 14e Grand Prix de Monaco Historique, dimanche matin dans la Série A2, a été remportée par Claudia Hürtgen, comme en 2022. Et en plus d’une couronne de lauriers et d’un trophée original, une figurine « Antoine le Pilote » représentant Juan Manuel Fangio, la très expérimentée pilote allemande a été récompensée par Ruben Fangio, fils du quintuple champion du monde argentin.
C’était une course réservée aux voitures de Grand Prix à moteur avant, construites avant 1961, et au volant de sa Ferrari 246 Dino de 1960, engagée par le Methusalem Racing, l’ex-pilote de F3 et de GT n’a laissé aucune chance aux deux grands gaillards qui sont montés avec elle sur le podium. « J’ai pris un très bon départ et après je me suis concentrée pour ne pas faire d’erreur », a-t-elle raconté au pied du podium. Claudia Hürtgen a terminé avec 20 secondes d’avance sur Marino Franchitti, le frère de Dario (triple vainqueur des 500 Miles d’Indianapolis), dans une Maserati 250F, et Anthony Wood (Tec-Mec). Le comédien belge Stéphane de Groodt a pris une excellente 6e place et l’autre femme pilote de cette course, Niamh Wood, a terminé en milieu de tableau, au 14e rang.
Que de variétés dans les profils qui composent les différentes grilles de ce 14e Grand Prix de Monaco Historique. Il y a bien évidemment les anciens pilotes de métier, ceux qui ont enregistré des départs en Formule 1, en Endurance, en IndyCar ou dans d’autres catégories. Et puis il y a les personnalités publiques, que les spectateurs ont déjà vu dans d’autres circonstances. C’est ainsi que le polyvalent Stéphane de Groodt renoue avec une ancienne passion ce week-end en pilotant une Maserati 250F de 1958. Figurant dans la Série A2 qui porte le nom de Juan-Manuel Fangio, le comédien, réalisateur et humoriste belge ne démérite pas au milieu de 25 autres concurrents puisque ce dimanche, il prendra la huitième position sur la grille de départ.
Lui n’est inscrit dans aucune série, mais a pris la piste en ouverture du week-end, ce vendredi, à bord d’une Porsche 911 dans le cadre d’une opération promotionnelle. Patrick Dempsey est un habitué des circuits puisqu’à son palmarès, il compte une 2e place aux 24 Heures de Daytona dans la catégorie GT, ainsi qu’une 3e place aux 24 Heures du Mans dans la catégorie LME GT Am. L’acteur américain a troqué la blouse du Docteur Shepherd pour le volant de la belle allemande aux couleurs de TAG Heuer, partenaire de l’épreuve, le temps de quelques tours avec Eddie Irvine dans le siège passager. « C’est formidable de voir ces voitures que l’on a regardées en grandissant, sur lesquelles on a lu ou que l’on a vues dans des films », s’est réjoui Patrick Dempsey ce samedi depuis la terrasse du fabuleux Garage 1. « C’est une excellente façon d’honorer l’héritage qui nous a été laissé. » Peu de doute, sur le Circuit de Monaco, ils ne s’amusent pas à jouer la comédie…
Ce samedi, le Circuit de Monaco a accueilli une parade très particulière en l’honneur du grand champion brésilien. Un plateau spectaculaire rappelant les grandes étapes qui l’ont mené vers ses plus beaux succès, au sommet de la Formule 1.
Un kart et cinq monoplaces entrées dans la légende. Dénominateur commun : tous sont passés entre les mains du maître en matière de pilotage, Ayrton Senna. Cette parade en hommage à sa carrière a été rendue possible grâce au travail des équipes de l’Automobile Club de Monaco, en liaison étroite avec l’Instituto Ayrton Senna, Lotus Héritage et la McLaren Academy.
Au volant de ces engins d’un autre temps, des pilotes de renom et en devenir ont défilé durant quelques tours, pour le plus grand plaisir des très nombreux spectateurs restés en tribunes à l’heure du déjeuner pour ne pas perdre une miette de ce spectacle exceptionnel. La nouvelle génération a été associée à cet hommage puisque deux membres de la McLaren Drivers Academy, Gabriele Bortoleto et Cristina Gutiérrez, ont été invités à piloter respectivement le kart de 1977 et la Van Diemen RF82 de la légende brésilienne.
Emu aux larmes, Eddie Irvine a savouré chaque instant de ses quelques minutes dans la Ralt RT3 du Grand Prix de Macao 1983. Puis les années F1 ! A commencer par la Toleman TG184 avec laquelle Ayrton Senna a fait ses grands débuts dans la discipline, pilotée par Stefan Johansson, tandis que Thierry Boutsen s’épanouissait dans la Lotus 97T de 1985 avec laquelle Ayrton Senna a remporté ses deux premiers Grands Prix, au Portugal et en Belgique. Et comment organiser une parade en hommage à cet as du pilotage sans aligner une McLaren ? Equipé d’un casque évocateur aux couleurs du Brésil, Bruno Senna, le neveu aux 46 départs en F1, a fait vrombir le moteur de la MP4/5B de 1990, une monoplace très réussie, à une époque où Ayrton Senna partageait le garage McLaren avec Gerhard Berger.
« C’est une voiture incroyable, j’ai eu beaucoup de plaisir à la piloter, et avec le bruit de son moteur V10 Honda, je crois que les spectateurs ont été très contents », a dit Bruno Senna dans les stands, après la parade.
Cet instant commémoratif a été ponctué par la venue sur la grille de départ de S.A.S. Le Prince Albert II de Monaco. Un cliché souvenir, saisi pour l’occasion, devrait rester encore de longues années dans les mémoires. D’autres grandes pontes de la discipline, comme Zak Brown ou le pilote Ferrari monégasque Charles Leclerc, ont également assisté à ce moment suspendu dans le temps.
Dans la Série F « Gilles Villeneuve » réservée aux F1 des années 1977 à 1981, Michael Lyons a encore fait briller sa Hesketh 308E, comme aux essais libres de vendredi. Avec un chrono de 1:32.079, il a pris le meilleur sur ses compatriotes Miles Griffiths, dans une Fittipaldi jaune, et Stephen Shanly, dans une Tyrrell 010 de 1980 engagée par l’équipe française AGS Racing. Soit un triplé des pilotes du Royaume-Uni, devant un excellent Jonathan Cochet, engagé au volant d’une autre Fittipaldi « 100% made in Brazil ». Cela fera donc deux départs en pole position dimanche pour Michael Lyons, autant que Stuart Hall, qui a lui aussi doublé la mise dans la Série G.
Cette Série G porte le label « Ayrton Senna », avec des monoplaces construites entre 1981 et 1985, toutes équipées d’un moteur 3 litres atmosphérique. Privilège suprême, ces 28 voitures peuvent loger en permanence dans les stands de la F1, tout le week-end. Et comme samedi matin, Stuart Hall a fait parler la poudre, dans une March 821 qui lui a permis, avec un chrono de 1:30.762, de coller près d’une seconde et demie à Marco Werner (Lotus 87B), et presque deux secondes à Michael Lyons (Lotus 92). Lui aussi partira donc deux fois en pole position dimanche.
Ce samedi a aussi été marqué par la visite dans le paddock de plusieurs stars de la F1, à commencer par Charles Leclerc, le pilote monégasque, et Lando Norris, vainqueur dimanche dernier de son premier Grand Prix de F1, à Miami dans une McLaren. Vendredi, c’est Fernando Alonso qui avait été aperçu sur le Quai Antoine 1er, venu rendre visite à son ancien patron chez McLaren, Zak Brown, engagé dans une Williams FW07, en Série F. D’autres célèbres résidents monégasques seront peut-être là dimanche, car la F1 fait relâche ce week-end. Une chose est sûre, il y aura 8 courses de très haut niveau entre 8h et 18h, sous un soleil radieux.
La Série C du 14e Grand Prix de Monaco Historique est la seule consacrée aux voitures de sport, biplaces, à condition qu’elles aient un moteur à l’avant et qu’elles aient été construites entre 1952 et 1957.
Il y avait 38 concurrents au départ vendredi et bien malin qui pouvait avancer le moindre pronostic, pour la pole position et la course, tant le plateau était relevé : une dizaine de Maserati, de Ferrari, des Jaguar, Aston Martin, Lotus, mais aussi des Lister, Frazer-Nash et Connaught, une Kieft, une Osca et une Allard. Des marques aujourd’hui disparues, mais bien vivantes en Principauté, tous les deux ans. Elles sont toutes dans un état parfait de conservation, car leurs propriétaires, des gentlemen drivers pour la plupart, en sont profondément amoureux, et prêts à tous les sacrifices pour leur accorder une éternelle jeunesse.
Il y a eu une petite interruption de séance, au bout de 7 minutes, puis le bal a repris et le match au sommet entre Italie et Grande-Bretagne a été remporté, par KO, par les Belles Anglaises : la Cooper-Jaguar T38 de Fréderic Wakeman, passée juste en dessous de la barre des 2 minutes au tour (1:59.770), sera en pole position dimanche, comme en 2022, avec à ses côtés la superbe Jaguar Type-D de l’Autrichien Niklas Halusa. Derrière eux, en quête d’un podium, voire plus si affinités, la Maserati 250S de Richard Wilson et la Lotus MK10 de Max Smith-Hilliard.