Thierry Neuville a frappé un très grand coup ce matin dans l’ES9 du 92e Rallye Monte-Carlo, entre Esparron et Oze (18,79 km), et réussi un chrono magique, stratosphérique : 12 minutes, 12 secondes et 5 dixièmes, qui permet au pilote Hyundai de repasser devant Seb Ogier au classement général, tout près du leader Elfyn Evans. Les pilotes Toyota vont devoir rester vigilants.
“Je ne comprends pas. Je devais être bien réveillé. Les conditions de route étaient meilleures que prévu. J’ai fait une spéciale décente”, a souri Neuville, totalement incrédule, quand son chrono lui a été annoncé au point stop. Non seulement le Belge a fait mieux, de 9.6 secondes, que le leader du rallye, Elfyn Evans. Mais il s’est aussi offert le luxe de coller une seconde au kilomètre, au dixième près (18.8 secondes pour 18,8 km), au meilleur pilote de rallye en activité, l’octuple champion du monde Sébastien Ogier. Avec le même mix de pneus, trois super-soft et un soft.
“C’est beaucoup de temps perdu. Mes notes étaient peut-être trop prudentes”, a jugé Ogier après sa contre-performance due au changement des conditions de route en l’espace de deux heures, entre le passage des ouvreurs et celui des pilotes. Plusieurs pilotes ont été surpris, comme Ogier et Evans chez Toyota, mais pas Grégoire Munster, auteur du 3e chrono de cette ES9 dans sa Ford Puma engagée par M-Sport. C’était l’autre joli coup du petit matin, avec le chrono complètement fou de Neuville.
Conséquence directe, le classement général a été chamboulé d’emblée, ce samedi matin, et Evans, toujours leader, a 6.5 secondes d’avance sur Neuville après l’ES9, alors qu’il en avait 4.5 sur Ogier en quittant le parc fermé de Gap, ce matin. Tout reste donc possible, plus que jamais, dans ce rallye, d’autant qu’Ott Tänak, dans l’autre Hyundai de pointe, a mal entamé cette journée : impossible de faire démarrer sa i20N ce matin à Gap, puis des coupures moteur (ou accélérateur) dans l’ES9, comme jeudi soir en ouverture du rallye.
C’était une sacrée journée de rallye, conclue par un match nul entre deux grands animateurs du WRC : trois temps scratch pour Thierry Neuville (ES3, ES6, ES7), trois aussi pour Sébastien Ogier (ES4, ES5, ES8) dans ce 92e Rallye Monte-Carlo où le Français est tenant du titre… sans aucune garantie de le conserver dimanche.
“On a fait le job. On est bien revenu (au classement général). C’était une bonne journée”, a sobrement résumé Ogier au point stop de l’ES8, disputée intégralement de nuit, dans laquelle il a mis un gros coup d’accélérateur, histoire de finir la journée en beauté. Le Français des Hautes-Alpes, huit fois champion du monde et neuf fois victorieux en Principauté, n’est plus qu’à 4.5 secondes de son coéquipier chez Toyota, Elfyn Evans, dominateur jeudi soir mais nettement plus prudent vendredi (aucun temps scratch).
“Ce rallye n’est jamais simple. Et il est très difficile de nuit. J’avais beaucoup d’informations, mais je ne pouvais pas tout gérer en même temps. Je devais faire confiance aux notes. C’était très difficile d’évaluer les conditions de route. Je suis heureux d’être arrivé au bout de la journée sans un seul problème”, a confié le Gallois.
Son avance sur Neuville était de 15 secondes vendredi matin, en quittant Gap. Elle ne sera plus que de 4.5 secondes samedi matin, sur un autre gros client du WRC : le redoutable Seb Ogier, qui ne vise pas le titre mondial cette année. De quoi réfléchir avant de prendre des risques éventuels…
Neuville hausse le rythme
L’autre candidat au titre mondial 2024 sera forcément un pilote Hyundai. Et après huit spéciales sur 17, dans cette première manche de la saison, c’est Neuville qui a pris l’ascendant, pour le moment, sur son coéquipier Tänak : “Je suis heureux d’être là. Ce n’était pas une bonne matinée, mais on a eu une bien meilleure après-midi. Nous devons rester concentrés et faire un meilleur travail demain. Nous avons fait un peu évoluer les réglages. Ça s’est bien passé sur les deux premières spéciales [du jour]. Ici, les conditions sont piégeuses, ce n’est pas facile de rester concentré, mais on est là”, a dit le Belge avant de repartir vers Gap.
Son coéquipier estonien, qui roulait chez M-Sport Ford en 2023, a besoin de reprendre confiance dans la Hyundai. C’est en train de venir, lentement mais sûrement. “Nous avons réussi à finir [la spéciale]. Ça faisait vraiment peur et nous n’avions pas un bon rythme, mais on verra bien…”, a dit Tänak, champion du monde 2019, au terme de cette journée très éprouvante pour les nerfs.
Le mot de la fin, en ce vendredi, est forcément pour Ogier, le héros local, qui a ravi par son pilotage les nombreux fans impeccablement alignés le long des routes de sa région natale : “C’était bien plus glissant que ce matin, avec beaucoup de boue. Nous avons eu un début de rallye difficile, mais nous nous y attendions avec notre position de départ. Maintenant, je suis content que l’on ait réussi à se rapprocher [de la tête]. Demain devrait être amusant.”
120 km chronométrés samedi
Au menu de samedi, six autres spéciales pas évidentes, réparties sur deux boucles de trois spéciales pour 120 km chronométrés, au total. Vu les écarts actuels, très faibles, entre les prétendants à la victoire, autant en Rally1 (trois pilotes en 16 secondes) qu’en WRC2 (trois pilotes en cinq secondes), on peut raisonnablement prévoir que cette 3e journée de course va être très animée. Voire même complètement délirante.
Un troisième temps scratch vendredi pour Thierry Neuville dans la 7e épreuve spéciale du 92e Rallye Monte-Carlo. Et une juste récompense pour le Belge, qui avait entamé son rallye avec prudence, jeudi soir, et a commencé à sortir le grand jeu vendredi, dans une Hyundai lui inspirant de plus en plus confiance.
Meilleur temps dans l’ES3, puis l’ES6 et, dans la foulée, l’ES7, deuxième passage entre Champcella et Saint-Clément (17.87 km), Neuville est revenu en quelques heures à 8.7 secondes de Sébastien Ogier et 17.3 secondes d’Elfyn Evans, histoire de relancer le suspense à une spéciale de la fin de cette superbe journée de rallye (105 km chronométrés), sur les hauteurs de Gap.
“C’était une bonne spéciale”, a souri Neuville en apprenant, au point stop, qu’il venait de reprendre 4.6 secondes à Evans, en attendant de savoir qu’il allait aussi en récupérer 3.5 sur Ogier. Les deux pilotes Toyota ne sont pas encore hors d’atteinte, et comme on n’a pas encore atteint le cap de la mi-rallye (17 spéciales au menu), Hyundai peut encore nourrir de beaux espoirs pour ce week-end.
C’était une spéciale très technique, avec beaucoup d’épingles, de passages serrés sur des ponts et dans des villages des Hautes-Alpes. La route était sèche, mais très sale, beaucoup de terre ayant été répandue par plusieurs dizaines de concurrents depuis ce matin. “C’était un peu sale à la fin, il y avait beaucoup de terre et de cailloux en provenance des cordes. Je n’ai peut-être pas été assez courageux dans les portions les plus étroites et les plus sales”, a reconnu Evans.
Ogier plus vite qu’Evans
“Rien de spécial à signaler, sinon qu’on commence à pouvoir se battre à armes égales avec les autres pilotes”, a résumé Ogier, content de voir que ses principaux rivaux étaient enfin logés à la même enseigne, confrontés à une route aussi sale que lui. Avec un enjeu de plus en plus crucial pour tout le monde : commencer à gérer intelligemment son quota de pneus tendres, en passant de temps en temps des pneus super-tendres, en prévision d’un week-end qui s’annonce très agité.
Il y avait un pilote radieux à la fin de cette ES7, le Norvégien Andreas Mikkelsen (Hyundai), de retour en Rally1, la catégorie-reine, après quatre saisons de purgatoire en WRC2, depuis fin 2019 : “Ca va de mieux en mieux et je dois m’adapter aux vitesses qu’on peut atteindre, en virage, avec ces voitures. Ce n’est pas tellement le système hybride, c’est surtout l’appui aérodynamique. C’est génial de retrouver un peu de rythme dans les spéciales”.
Fourmaux ravi de son vendredi
Revenu lui aussi en Rally1, Adrien Fourmaux (M-Sport Ford) a lui aussi adoré cette journée de vendredi : “J’adore piloter et c’est super d’avoir des spéciales aussi différentes dans la même boucle. On a tout eu aujourd’hui, de la terre, de la glace, des conditions changeantes. C’est le Monte-Carlo et c’est ce qu’on aime”.
Les pilotes du WRC2 aussi adorent le Monte-Carlo. Après l’ES7, l’Espagnol Pepe Lopez (Skoda Fabia RS) a repris la tête de la catégorie à Nikolay Gryazin (Citroën C3), pour quatre secondes seulement. Et Yohan Rossel (Citroën C3), champion du WRC3 en 2021, reste en embuscade, à moins de deux secondes de Gryazin. Plus qu’une spéciale avant le retour à Gap pour une bonne nuit de sommeil.
Egalité parfaite entre les trois principaux animateurs du 92e Rallye Monte-Carlo : Thierry Neuville (Hyundai), déjà auteur du meilleur temps dans l’ES3 tôt ce matin, a encore été le plus rapide dans l’ES6, en début d’après-midi. Mais il n’a devancé que d’une seconde et demie Seb Ogier, qui venait d’enchaîner deux temps scratch (ES4, ES5). Son coéquipier chez Toyota, Elfyn Evans, est toujours leader, lui qui avait totalement dominé la soirée de jeudi (ES1, ES2).
C’était la 6e épreuve spéciale de ce rallye, un deuxième passage de 16,68 km entre la station de ski de Saint-Léger-Les-Mélèzes et le village de La Bâtie-Neuve. Il a été beaucoup plus rapide, car la glace avait fondu, et l’écart n’a été que de 1.6 s entre Neuville et Ogier, de 2.6 s entre le Belge et Evans.
“J’ai toujours été rapide dans cette spéciale, elle est très belle, c’est difficile de savoir jusqu’où on peut pousser les pneus (pour ne pas les faire surchauffer), mais je pense qu’on a fait un bon chrono”, a estimé Neuville, toujours dans le coup pour la victoire alors que Tänak semble un peu décroché, à plus d’une minute du leader. Toujours le même leader, Evans, mais dont la marge d’erreur a fondu à moins de dix secondes par rapport à Ogier.
Sous les yeux de son ancien grand rival, « l’autre Seb » Loeb, présent dans la spéciale, au bord de la route, en tant que simple spectateur, Ogier s’est bien défendu, une fois de plus : “On essaie de ne pas trop taper dans les pneus, et pour le moment c’est plutôt une bonne journée”, a dit le Gapençais, toujours à portée de tir de son coéquipier gallois.
Grosse bagarre en WRC2 aussi
La situation est d’une clarté totale dans le Top 8 : les quatre cadors devant, soit deux pilotes Toyota (Evans, Ogier) devant deux pilotes Hyundai (Neuville, Tänak), et les quatre autres plus loin : Fourmaux, à 12 secondes de l’Estonien, Mikkelsen, Munster et Katsuta, beaucoup plus loin. Le Japonais a perdu cinq minutes ce matin, dans un fossé de l’ES3, dans la même courbe que Tänak.
En WRC2, la bagarre fait également rage, avec deux fois plus de marques automobiles représentées (6) que dans la catégorie-reine et un sacré mélange de fougue et d’expérience. Au tiers du rallye, le leader du WRC2 est le Russe Nikolay Gryazin (Citroën C3), qui court sous licence bulgare, devant l’Espagnol Pepe Lopez (Skoda Fabia RS) et le Français Yohan Rossel (Citroën C3), sacré en WRC 3 au terme de la saison 2021. Trois pilotes regroupés en cinq secondes seulement. Avec deux spéciales à courir avant de rentrer à Gap vendredi, à la nuit tombée…
Jeudi, juste avant le départ du 92e Rallye Monte-Carlo sur la place du Casino, des élèves de la Principauté, scolarisés dans plusieurs établissements monégasques, ont eu la chance d’avoir la visite de « professeurs » très particuliers : une quinzaine de pilotes et copilotes du WRC et du WRC2 !
Ils ont été une quinzaine de pilotes et copilotes à se déplacer à l’École des Révoires, au Cours Saint-Maur, au Collège Charles III et au Collège FANB. Comme déjà les pilotes de Formule E au printemps dernier, les rois du rallye ont pu s’entretenir librement avec leurs étudiants d’un jour en se prêtant au jeu des questions-réponses, le débat étant suivi par une séance d’autographes en bonne et due forme.
Les trois écuries de pointe étaient représentées, qu’il s’agisse du Hyundai Shell Mobis WRT (avec Thierry Neuville et son copilote Martijn Wydaeghe, et Andreas Mikkelsen), du Toyota Gazoo Racing WRT (Elfyn Evans et Takamoto Katsuta) et du M-Sport Ford World Rally Team, représenté par le Français Adrien Fourmaux et le Luxembourgeois Grégoire Munster.
Il y avait aussi les têtes d’affiche du WRC2, comme Oliver Solberg (le fils de Petter, champion du monde 2003), Nicolas Ciamin, Stéphane Lefebvre, Yohan Rossel, Chris Ingram, Nikolay Gryazin et Sami Pajari. De quoi ravir les élèves âgés de 9 à 14 ans, pour qui c’était un moment inoubliable.
Ils ont tous rencontré leurs héros et les plus chanceux d’entre eux ont aussi pu voir de très près les voitures utilisées par les professionnels du rallye. De beaux moments pour les enfants et adolescents, prolongés quelques heures plus tard par le départ officiel du 92e Rallye Monte-Carlo, sur la Place du Casino.
Deux temps scratch d’affilée pour Sébastien Ogier vendredi matin, dans l’ES4 puis l’ES5, entre La Bréole et Selonnet (18,31 km). Le héros local a bien profité de cette première boucle et remonte au 2e rang du classement général, à 10.7 secondes d’Elfyn Evans, son coéquipier chez Toyota. Le 92e Rallye Monte-Carlo est bien lancé et le suspense est total. Notamment pour la 3e place sur le podium, car Adrien Fourmaux (M-Sport Ford) roule de plus en plus vite…
“Il semblerait que je sois encore en vie. J’avais du mal jusque-là, j’ai une semaine compliquée mais je vais faire de mon mieux. J’en parlerai après le rallye… ”, a déclaré un Seb Ogier particulièrement ému, au point stop de cette spéciale négociée à la manière de ses plus belles saisons en WRC, couronnées par huit titres mondiaux.
Face à un Ogier en mode maestro, le leader du rallye est toujours Evans, mais il n’a plus qu’une dizaine de secondes d’avance sur son coéquipier français, 40 ans depuis le 17 décembre, son chiffre-fétiche, celui qu’il porte aussi comme numéro de course sur sa Yaris noire. Battu de 11.2 secondes dans cette ES5, par Ogier, le Gallois n’était pas en confiance : “Il y a très peu d’adhérence dans les portions verglacées, et beaucoup plus dans les portions sèches”, a résumé le vice-champion du monde en titre.
Fourmaux hausse le ton
La performance la plus réussie dans cette spéciale, en plus de celle d’Ogier, a été l’œuvre d’Adrien Fourmaux, le pilote M-Sport Ford : 3e chrono, juste derrière Evans, à six dixièmes seulement du Gallois. “On avait de bons réglages, de très bonnes notes, je me sentais bien et je me suis fait plaisir, sans prendre trop de risques. Je suis content”, a dit le Français, de retour en Rally1 après une saison en WRC2.
Du côté de chez Hyundai, Ott Tänak a retrouvé un bon rythme et fait mieux que son coéquipier Thierry Neuville, dans cette spéciale, pour compenser sa petite erreur dans l’ES3 : “J’avais beaucoup de mentions de verglas dans mes notes et j’ai été trop prudent. C’est compliqué de prendre plus de risques quand les notes du co-pilote disent qu’il y a du verglas partout”, a regretté le Belge au point stop. Il est désormais 3e du classement général, à 24.5 secondes d’Ogier, mais tout reste possible dans les 12 spéciales restantes, jusqu’à dimanche matin.
Après la pause de la mi-journée au parc d’assistance de Gap, une deuxième boucle est prévue cet après-midi, avec les trois mêmes spéciales (ES6 à ES8). Une seule chose est sûre, elles seront moins glissantes que dans leur version matinale.
Le tenant du titre a attendu le milieu de la matinée de vendredi pour signer son premier temps scratch du 92e Rallye Monte-Carlo : meilleur chrono pour Sébastien Ogier dans sa Toyota Yaris noire, dans le premier passage du jour entre Champcella et Saint-Clément (17.87 km), pour revenir à trois secondes seulement de Neuville, qui a perdu une poignée de secondes dans un tête-à-queue.
“Je pense que c’est difficile d’aller plus vite avec cette position de départ (la même que jeudi soir, basée sur le classement du championnat 2023), mais dans cette spéciale il y avait un peu moins de terre sur la route”, a réagi l’octuple champion du monde après le 693e temps scratch de sa carrière en WRC.
“Je ne comprends pas. J’ai perdu l’arrière tout d’un coup. J’ai été surpris”, a confié Neuville, qui a bien choisi le lieu de son tête-à-queue : un champ bien sec et bien plat dans lequel il n’a pas perdu trop de temps. Marche arrière, ça repart, 9 secondes de perdues seulement sur Ogier, alors que le Belge pouvait viser un deuxième temps scratch d’affilée.
Evans reste devant
Le leader du rallye est toujours Elfyn Evans (Toyota), passé en mode gestion. Il compte encore 18.8 secondes d’avance sur Neuville avant l’ES5, la dernière de cette première boucle, et 21.9 secondes sur Ogier. “Il y avait très peu de grip (adhérence) à certains endroits. Ce n’était pas facile, j’ai peut-être été trop prudent”, a avoué le Gallois.
Le parcours de cette ES4 était varié, globalement sec, et les nombreux spectateurs très disciplinés, bien protégés par les commissaires de l’ACM et des centaines de mètres de rubalise. Derrière Ogier et Evans, Ott Tänak (Hyundai) a repris confiance après sa petite erreur de l’ES3. Avec le 3e chrono, il est repassé au 4e rang du général, devant Adrien Fourmaux (M-Sport Ford), content de ses nouveaux réglages. Mais l’Estonien, champion du monde 2019, a trouvé que la route était « sale », ce qui l’a incité à rouler « propre ».
Dans le peloton de chasse, la bagarre a continué à faire rage entre les seconds rôles de cette pièce de théâtre à suspense : Takamoto Katsuta (Toyota), Andreas Mikkelsen (Hyundai) et Grégoire Munster (M-Sport Ford), regroupés en une dizaine de secondes à la fin de cette ES4 superbe de bout en bout.
Après une courte nuit à Gap, les concurrents du 92e Rallye Monte-Carlo se sont élancés vendredi matin dans une spéciale glissante et piégeuse entre Saint-Léger-les-Mélèzes et La Bâtie-Neuve (ES3, 16,68 km). Les premiers lauriers du jour sont allés à Thierry Neuville (Hyundai), auteur de son premier temps scratch du rallye, et les premiers dégâts ont été pour trois membres du Top 8 : Tänak, Katsuta et Munster, tous partis à la faute dans le même virage.
Il fallait être bien réveillé ce matin du côté du Col de Moissière (1574 m), car la route était très glissante dans l’ES3. “Sur certaines portions de glace, il n’y avait pas d’adhérence du tout, donc j’ai fait très attention. Nous avons réglé notre problème d’hier soir, donc ça va mieux”, a expliqué Neuville au point stop de La Bâtie Neuve, après une longue descente bien plus sèche que la montée vers le col.
Vainqueur à Monaco en 2020, le Belge a fait mieux, de 5.3 secondes, que le leader du rallye, Elfyn Evans (Toyota), et le 3e chrono de cette ES3 a été signé par Sébastien Ogier, à 6.6 secondes de Neuville. “Ça allait, mais j’ai été plus gêné par la terre sur la route que par les plaques de verglas”, a dit le tenant du titre, bien réveillé mais très prudent sur ses terres natales. “J’ai fait attention, car les conditions de route étaient très changeantes”, a aussi reconnu Evans, bien conscient du nombre de points à prendre dans cette manche d’ouverture du WRC 2024, lui qui a parfois tendance à gâcher des opportunités.
Tänak, Katsuta et Munster piégés
Trois pilotes se sont fait piéger au même endroit, en prenant trop large dans une longue courbe à droite, dans la forêt, où la couche de glace était mince mais très efficace. Partis en pneus tendres, ils se sont tous retrouvés dans le fossé, plus ou moins profondément. Et les spectateurs sont intervenus pour les sortir de ce mauvais pas, une fois la lumière verte allumée sur leur voiture pour éviter une électrocution.
Ott Tänak, le champion du monde 2019, qui a pris jeudi son 150e départ en WRC (19 victoires, 46 podiums, 356 temps scratch, dont la moitié avec son copilote Martin Jarveoja), a perdu 41.9 secondes sur Neuville, et Grégoire Munster, le nouveau pilote M-Sport Ford, une grosse minute. Le plus gros débours a été pour Takamoto Katsuta, bien enfoncé dans le fossé, qui a perdu plus de cinq minutes. “C’est entièrement de ma faute”, a reconnu le Japonais de chez Toyota avant de repartir, bien harnaché, vers la descente ensoleillée de cette ES3.
Encore 5 spéciales au menu de ce vendredi et Adrien Fourmaux, le Français de chez M-Sport, a gagné une place au classement général. Il est 4e avant l’ES4, avec trois grosses secondes d’avance sur Tänak…
Deux temps scratch en deux spéciales, 15 secondes d’avance sur le plus rapide des pilotes Hyundai au classement général. En pleine nuit, sur des routes étroites et devant des milliers de fans ravis, le vice-champion du monde en titre, Elfyn Evans (Toyota), a pris les commandes du 92e Rallye Monte-Carlo, jeudi soir.
Après les 5.2 secondes d’avance infligées à Ott Tänak dans l’ES1, c’est l’autre pilote de pointe de Hyundai, Thierry Neuville, qui a été puni par le Gallois de chez Toyota : 6.8 secondes de plus pour le Belge, sur les 25,1 km de Bayons-Bréziers (ES2), et donc 15 secondes de retard au classement général, au terme d’une longue soirée de rallye. Le public s’était déplacé en nombre. Il y avait des feux de camp, des feux d’artifice, des drapeaux en abondance et beaucoup de monde au bord des routes des Alpes de Haute-Provence et des Hautes-Alpes.
“Il y a eu des portions où ça allait mieux que d’autres. Je ne sais pas du tout comment les autres vont s’en sortir”, a lâché Evans au point stop de cette ES2 qu’il avait, comme la précédente, dominée de la tête et des épaules, dans sa superbe Yaris noire.
Un pilote Hyundai chasse l’autre. Ott Tänak, le champion du monde en 2019, a rencontré encore plus de problèmes d’accélérateur que dans l’ES1, alors il a perdu gros : 17.6 secondes de retard sur Evans, alors que Neuville a plutôt bien limité les dégâts. “J’ai eu un petit problème, donc j’ai fait attention”, a résumé le Belge en sortant soulagé de cette première soirée délicate, un peu comme Tänak. Une soirée qui a coûté cher à Andreas Mikkelsen, revenu chez Hyundai dans la catégorie-reine qu’il avait quittée fin 2019, au Rallye de Grande-Bretagne : “Il faut que je m’habitue à cette voiture (hybride), elle continue à accélérer quand je rentre dans les virages. Et au départ de cette spéciale j’ai calé, car la procédure est un peu compliquée”, a confié le Norvégien.
Ogier sur le podium provisoire
“C’était correct, mais on a du mal à aller aussi vite que les premiers, car la route est sale”, a expliqué Seb Ogier au point stop de l’ES2. L’octuple champion du monde, qui a fêté en décembre ses 40 ans, a fait valoir son expérience toute la soirée, sur des routes qu’il connaît très bien. Il attaquera au 3e rang du classement général, à 21.6 secondes d’Evans, la longue journée de vendredi (6 spéciales au menu), devant Tänak (4e) et Adrien Fourmaux (5e), la petite surprise de la soirée. Pour son retour en Rally1, le jeune Français a fait beaucoup mieux que Mikkelsen et surtout il s’est fait plaisir, sans rien abîmer sur sa Ford Puma.
“On est peut-être allés un peu trop loin dans les réglages. Dans la deuxième spéciale, la route était encore plus sale que dans la première. Je suis en train d’apprendre le comportement de cette voiture”, a résumé Fourmaux. Il est en position d’attente, derrière quatre caïds du WRC, alors que se profile une grosse journée de rallye, vendredi dans les Hautes-Alpes. Deux boucles de trois spéciales, soit 105 km chronométrés, et sûrement quelques surprises en début de matinée : “Il risque d’y avoir un peu de glace sur la route, vendredi matin”, a prévenu le pilote M-Sport.
Le vice-champion du monde des rallyes, Elfyn Evans, a frappé un grand coup d’entrée de jeu en signant le meilleur temps dans la première spéciale du 92e Rallye Monte-Carlo, jeudi soir entre Thoard et Saint-Geniez (ES1, 21,01 km).
Chaussé de quatre pneus tendres, et avec deux roues de secours dans le coffre de sa Toyota Yaris, le Gallois est parti le premier, en vertu du classement 2023 du championnat du monde. Il a donc profité d’une route ultra-propre, sèche de bout en bout, pour signer un chrono de 12’12’’9 sur cette spéciale parcourue en sens inverse de l’édition 2022, via le fameux col de Fontbelle, à 1300 m d’altitude. « C’était surprenant d’avoir un tel niveau d’adhérence, en début de rallye. Je ne sais pas si j’ai réussi à bien m’en servir, mais globalement ça s’est bien passé », a résumé le pilote Toyota.
La meilleure résistance à Evans est venue du pilote le plus capé du camp Hyundai. L’Estonien Ott Tänak, sacré champion du monde en 2019, a perdu 5.2 secondes sur le Gallois, alors qu’il était parti, comme son coéquipier Thierry Neuville, avec une seule roue de secours dans le coffre, pour gagner un peu de poids. Et alors qu’il a connu des petits problèmes au niveau de sa pédale d’accélérateur, qui restait enfoncée, ce qui est toujours délicat à gérer.
Ogier à dix secondes d’Evans sur une route sale
« C’était la bonne solution », a dit Neuville au point stop, pas trop déçu d’avoir perdu 8.3 secondes sur Evans parce qu’il voulait surtout éviter de faire surchauffer, et donc d’abîmer ses pneus tendres, avant d’attaquer la spéciale suivante, longue de 25.19 km entre Bayons et Bréziers. Le Belge, vainqueur en 2020, sait qu’un Rallye Monte-Carlo, « c’est très long », et qu’il ne faut pas trop s’emballer d’entrée. Il aura d’autres occasions de briller, tout au long des 17 spéciales prévues jusqu’à la grande finale de dimanche matin.
Reste le grand favori, Sébastien Ogier, qui a lâché 9.8 secondes à son coéquipier Evans, avec une explication très simple : « La route était très sale, donc le premier sur la route (Evans) avait vraiment un gros avantage », a résumé l’octuple champion du monde, vainqueur de l’édition 2023 et donc tenant du titre. « Je m’y attendais, donc je ne suis pas surpris », a ajouté le pilote des Hautes-Alpes, avant de repartir en direction de sa région natale.
L’autre Français engagé en Rally1, la catégorie-reine, s’est montré ravi de cette première spéciale. « Il y avait beaucoup de public, des feux de camp, et j’adore piloter la nuit », a confié Adrien Fourmaux au point stop. Le pilote français, sur qui reposent les principaux espoirs de M-Sport, est de retour dans la catégorie-reine, comme en 2022, mais il a dû ralentir par endroits, au volant de sa Ford Puma : « La route était tellement sale que dans certains virages je ne voyais plus la trajectoire, il y avait de la terre et des pierres partout, alors j’ai été obligé de ralentir ». Ce qui ne l’a pas empêché de signer le 5e chrono dans cette spéciale, à 16.2 secondes d’Evans. Une belle entame.